feulefeu

FEU LE FEU

Vendredi 21 juin 2019 à 16:20

Au creux de tes mains de dix-huit ans, toujours les hurlements de la bombes. Tu graffes ce que tu n'arrives pas à hurler. Dans les volutes de tes joints, tu y vois des femmes spectrales aux ombres de paranoïa. Et puis dans la trêve de vacances, corps bordé par l'océan, la première bombe brune, ses petits seins délicieux, son goût de première femme au sourire d'innocence : Sève. Il vous reste tant de jours caniculaires pour vous aimer. Elle t'offre chaque fois un peu plus de son corps. Tu lui offres chaque fois ton désir fou et intense, sous les figuiers, ton animalité de jeune homme. Et un jour en apparence comme les autres, elle s'avance vers toi, et avant même qu'elle dise, tu vois. Les yeux de ta mère apparaissent dans ceux de Sève. Sève. Petite mutilée. On entend déjà le sang des fleurs fauchées trop tôt par la barbarie de l'homme sourd qui n'entend pas "non" quand tu ne dis pas "oui". Chaque jour tu croises cet autre, celui qui dans la nuit est venu lui voler la première danse, le premier corps à corps. Le premier qui l'a prise. Et ça n'est pas toi. Dans les soirs sombres, épais et moites, tu rumines la trahison, imagines son corps douceur sous son poids à lui. Tu ne saisis pas vraiment qu'il s'agit d'un viol. Malgré toi, tu en veux à celle qui est devenue femme à contrecoeur, à ce qui devait t'être offert et qui s'est évaporé sous tes yeux. Tu le répètes avec amertume, lorsque tu lui tournes le dos, à elle, pauvre innocente : il n'y a qu'une seule première fois.

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